Sans nom

par **Gilgamesh** Sam 9 Juil - 22:05

Un mois à traîner dans le Purgatoire un enfer de pureté stérile et plate, d’une blancheur immaculée ayant à peine quelques collines le reste étant un vaste désert de sel extrêmement chaud la journée et glaciale la nuit. L'homme n'avait pas de nom, il s'était réveillé un jour sans s'expliquer pourquoi dans cet enfer, le corps noueux et athlétique, une tenue de recyclage de fluides corporel sur le dos. Un mois à traquer un mangeur de chair humaine, Toros, un mutant dégénéré de la race humaine faisant parti des Humbabas*, des géants albinos particulièrement fort et sauvages, le blanc venait d'une couche de sel qui se serait cristallisée, pour former une sorte d'armure naturelle. Il portait la tête de Toros à sa ceinture, le bougre avait une particularité dans sa couche de sel cristallin qui lui formaient des sortes de cornes. Il avait mené un combat dantesque, mais il avait vaincu et se dirigeait désormais vers Rouille, des écouteurs sur les oreilles pour éviter de penser à la soif, écoutant le dernier tube de « Rise of the apocalypse »un vieux groupe du temps où le monde avait une civilisation humaine et pas ces loques qu’ils croisaient.

*Humbaba : il s'agit du premier démon adversaire de l'épopée de Gilgamesh et Enkidu.

« La vanité voilà ce qui perd la race humaine, désormais l'univers c'est rétrécie, les dieux ont déclaré l'apocalypse et les démons veulent nous bouffeeeerrr, nous bouffeeeerrr. Mais au milieu de ce monde mourant la vie demeure et tente de faire son chemin pour renaître dans l'espérance d'un avenir meilleur. »

Un endroit où l'on peut gagner sa pitance honnêtement n'est pas une chose courante dans ce monde mourant, une demande d'aide est toujours une opportunité de se faire un nom dans l'alliance terrestre des derniers humains, ou auprès d'un quelconque maître voulant reconstruire cet univers. Combattre des ennemis et résoudre les mystères laissés par leurs glorieux ancêtres, voilà ce qui motive les derniers vivants comme lui. C'est pour ça que l'annonce de Rouille, une des dernières citées humaines l'avait attiré dans cette contrée perdue que l'on nomme le purgatoire.

Certains mauvais esprits diraient que ce territoire porte à juste titre son nom, car on y souffre dans une longue agonie avant de mourir comme chien manger par un démon Ganvish ou un de ses congénères morts de faim, mais beaucoup savent que sur Terre, quelque soit l'endroit hormis dans les Pearl auprès d'un dieu Bramshiv, la survie est un défi de tous les jours.

Rouille est ce qu'on aurait nommé, dans l'illustre temps civilisé du 21ème siècle, un village d'à peine un peu plus de 1000 âmes. Rouille est certainement la citée la plus hideuse des Landes stériles. La citée était tellement sale que le sel colporté par le désert vire au jaune ou au marron à cause de l’activité humaine de la citée avec un soupçon d'électricité. Les murs battus par les tempêtes de sel semblent très érodés.

Dernièrement Rouille semblait avoir subi quelques problèmes sous la forme d’une puissante tornade de sel inhabituelle qui a gravement endommagé les infrastructures industrielles de la ville ainsi que son mur d’enceinte maintenant constellé de brèches, mais la reconstruction a pris un retard considérable. En désespoir de cause, les brèches dans les murailles sont seulement renforcées par des palissades construites avec les déchets que la citée rejetait. Néanmoins il est clair que si une armée ennemie devait assiéger Rouille, la colonie ne résisterait pas longtemps à l'extérieur et ses nombreux dangers.

Lors de l'arrivée du sans nom, tout le monde semblait l'ignorer, hormis quelques crapules de bas étages qui regardaient son trophée. Sans nom peut voir la saleté apparente de la ville, le désert de sel semblait plus pur et lui-même se serait bien passé de venir sans la prime.

Dans les rues il vit de nombreux marchants d'esclaves, d'autres vendant des babioles venant de ruines, très pratique à recycler pour en garder la matière première, ou alors trouver un artefact perdu des temps anciens, on échange des matières premières contre d'autres ressources ou des services.

A son grand étonnement il vit même... un champ. Un homme lui expliqua que c'était une mauvaise herbe, immangeable d'après lui et poussant uniquement sur le sel, l'Ut Napishtim*, poussait dans cette stérilité, pouvant faire un alcool . Sur ces herbes il vit ce qu'il ne semblait plus croyable, une créature non monstrueuse, un ver. Il s'agissait de la seule nourriture d'un ver d'élevage contenant assez de protéines pour nourrir correctement un homme, mais aussi un mets de luxe que bien peu peuvent se payer, on peut aussi tisser de bonnes protections avec la soie de son cocon. Ce ver est assez petit ce qui permet aux éleveurs d'en garder toujours un couple en cas de pénurie, trouver ce genre de bestioles non mutantes et non ganvish est une ressource rare et assez précieuse qui fut sans doute sauvegardée dans un abri au moment de l'apocalypse. La cuisine au ver est un luxe culturel assez reconnu dans la contrée, beaucoup se damneraient pour en goûter un. Pour la populace ne pouvant se payer du ver, une pilule était produite pour les besoins journaliers et maintenir tout le monde en vie.

*Ut Napishtim : seul survivant du déluge dans l'épopée de Gilgamesh c'est lui qui lui dit comment récupérer la fleur qui rend immortel.

Il avait rendez vous au bar de la « Rose des sables » un vieux bouge, plein de putes et de camés, un dealer avait essayé un jour de lui refiler une drogue à base de cristaux de sel, anesthésiant le corps, mais en cas d'overdose transformant un corps en statue de sel. Un homme en toge blanche, chauve et âgé l'attendait devant l'entrée, il remarqua une discrète tache rouge sur certaines parties de son corps.

*Un Golam ! Atteint par la peste rouge *

Pensa t-il, le golam était un robot de type humanoïde et la peste rouge, une maladie qui semblait les toucher, les grignotant par la rouille et les faisant disparaître petit à petit. C'était Isham, le grand Chambellan de NADAR. Le maître de la ville. Le tyran avait une bonne vie et pleins de femmes dont une très reconnue pour sa beauté une certaine Lili.

-Isham !

Il tapota la tête à sa ceinture.

-Maître tueur sans nom. Je vois que votre réputation ne fut pas usurpée. Votre récompense est au niveau -4 de la ville, celle du recyclage, veuillez bien me suivre. Ils prirent un ascenseur qui les amena loin sous la terre, un endroit très humide, sans doute proche d'une couche d'eau.

Il arrivèrent à un endroit gardé par un immense robot ressemblant à un tank avec deux bras mécaniques.

-Je te présente Enoch. Une IA militaire de la dernière guerre, entre donc ta récompense y est.

Lorsqu'il entra, il trouva plein de corps morts, qui étaient recyclés dans une machine ressortant un autre bout sous forme de pilules. Il sentit un coup derrière sa tête puis le trou noir.
Il se réveilla derrière les barreaux. Isham était assis derrière les barreaux à l’attendre .

-Enfoiré !

Lâcha le sans-nom, il tenta de sauter sur Isham qui était derrière les barreaux, mais une décharge lui fit raviser son action. Il portait une sorte d'armure qui semblait limiter ses actions en lui envoyant des décharges.

-Bon je vais pas tourner 10 ans autour du pot. J'ai besoin de toi, pour une mission suicide et je ne peux pas payer tes services, ici on est pauvre, sans nom. Mes gardes ne peuvent pas quitter cette ville, c'est bien trop dangereux de la laisser sans sécurité. Tu vas donc devoir accomplir une petite tâche... On va rouvrir le chemin du sel et toi tu vas protéger les convois au prix de ta vie. Pour tout le monde tu es celui qui a séduit une des favorites de Nadar, tu n'as donc pas d'autres moyens que de purger une peine de 10 ans sur les convois.

Il se souvint dans l'annonce, le seigneur de Rouille Naden Dradar, était très inquiet pour son affaire, la seule qui fasse tourner cette ville à vrai dire, qui est l'extraction et la purification du sel, une matière première très utilisée pour faire briller, nettoyer ou produire quelques batteries pour mouvoir des éléments technologique de grande importance, donc un point stratégique important. Dans ce monde crasseux un peu de clinquant et de brillant, même si ça n'est que du sel, ça en jette toujours plus pour impressionner les larves humaines qui errent encore dans ce monde.

On vint le chercher dans sa cage, sa résistance fut matée par des décharges, malgré quelques coups bien placés et on l’amena au « convoie », une sorte de locomotive avec plusieurs wagons, tirés par des mutants, ceux qu'ils nomment des Humbabas, des mutants assez balèzes et battis comme un tonneau, ils semblent en esclavage, ils tirent le train afin d’économiser les batteries pour le voyage. On donna un casque avec un viseur intégré et un fusil, un mélange détonant de ruine et de technologie.
Le contremaître vient leur expliquer.

-Bon raclures vous allez éponger vos peines pour nous. Tout ça pour bosser sur ce train !

S'exclama le contremaître en faisant claquer un fouet.

-Donc le boss, c'est assuré d’être absolument sûr que vous allez bien accomplir l'intégralité de celle-ci. Ce train c'est votre vie... et votre vie... bin c'est le train. En gros tu t'écartes du train tu as 5 minutes pour revenir, sinon:BOUM ! Tu lèves un bras contre moi ou tu fais mine de te rebeller tu prends le jus et si ça suffit pas... Boom ! Capiche ?

D'autres « mercenaires» sont autour de lui et commencèrent à marmonner regrettant amèrement le fait d'être ici . Le convoie avec cet étrange attelage commença. Le Sans Nom se jura de revenir faire payer le grand Chambellan, mais pour cela il lui faudrait survivre.

par **Gilgamesh** Jeu 18 Mai - 14:23

La cavale

L'intérieur du train ressemblait beaucoup à une prison, sentant la sueur et le sang, mais dans un milieu très étroit, il avait dû voir passer pas mal de monde et de morts, beaucoup de ses compagnons n'avaient pas plus de 10 ans. Il entendait des petits gémissements étouffés, certains devaient être abusés dans quelques recoins sombres du train.
L'inconnu était dans le train depuis plusieurs heures, un autre gars semblait le toiser, pas un rigolo à en juger par son physique, il était au moins aussi puissant que lui. Le voyage ne serait pas de tout repos, déjà il y a une heure, il avait dessoudé deux gars, ils voulaient lui enlever son eau corporelle avec des pompes. Mais il faut croire qu'ils se sont plantés de gars, leurs foutues pompes pour l'un dans la bouche et pour l'autre le cul, les desséchant un bon coup, il ne lui fut pas trop dur de jeter les cadavres dehors, ils ne ressemblaient plus qu'à des momies mal conservées et très légère . Une leçon, l'essentiel du poids humain dans cette eau corporelle, un peu trop ou un peu moins et vous mourriez.
Beaucoup de survivants s'amusaient à ce genre de crimes, soit pour survivre, car l'eau est rare, soit pour la revendre à prix d'or et mener la belle vie, d'après certaines de ses connaissances, il y en avait bien pour 45 litres.

Le contremaître, un vieux gars pleins de tatouages bizarres lui prenant tout le corps, très peu vêtu d'une simple tunique en cuir, semblait se moquer éperdument de ces petits ajustement dans son personnel . Trois voulurent le prendre à part pour le tuer afin de se délivrer du train, mais leur tête explosa. Il fit pomper les corps de leur eau. Ici bas rien ne se perd et même quand tu meurs avec une dette, on peut se servir de ton cadavre.

L'inconnu monta sur le perchoir pour prendre un peu l'air. Il vit au loin d'étranges silhouettes et derrière un étrange nuage qui fonçait sur le train dans un vrombissement de millions d'ailes... Des mouches, des millions de mouches, qui enveloppèrent les Humbabas et leur mangèrent la chair jusqu’à l’os en un temps record, ne laissant que leurs os. L'inconnu descendit assez vite pour donner l'alerte, alors que l'avancée s'était arrêtée.

-Aux armes les gars ! On est attaqué !

Le contremaître leur vit mine de mettre leur viseur et d'attendre à l'intérieur. De toute façon le dispositif leur interdisait de partir trop loin.
On sentait la tension, chacun serrant son arme contre son corps, les plus jeunes étaient les plus crispés, mais certains plus âgés transpiraient à grosses gouttes, en entendant les coups sur la carlingue du train, la bataille allait faire rage d'ici peu de temps.

Pour une raison inconnue, les hommes présents dans le train commencèrent à s'entre-tuer, créant une sorte de chaos avant le combat.
La porte d'entrée vola en éclat tuant deux prisonniers trop inconscients pour se mettre derrière, éclaboussant le sans-nom de leur sang, la bataille avait commencé.
Dans le wagon déferlèrent des sortes de créatures humanoïdes avec une tête de veau dorée, la bataille fut un incroyable chaos, le plafond fut dégoupillé comme une conserve et une nuée de mouches vint aussi faire une razzia, laissant entendre des cris d'agonie, un effroyable carnage au milieu des bruits de quelques tirs. Le sans-nom adossé à un des murs saisit une lame que l'un des monstres avait porté avait de mourir d'une balle dans la tête. Il éventra avec une grande sauvagerie des deux premiers veaux, et décapita un troisième, puis sauta sur un quatrième lui planta la lame entre le cou et l'épaule. Puis se fut le noir complet, il avait été assommé.

Il se réveilla plus tard dans une cage devant une ziggourat, entouré de quelques-uns des enfants survivants du train et de la bataille et du gars qui le toisait de loin avec le contre maître, ils devaient bien être 13 survivants, un chiffre de malheur, 10 enfants et 3 adultes.

-Je vous ai enlevé votre armure les gars, sans ça vous seriez tous morts avant d'arriver ici, et on a besoin de tout le monde pour s'évader.

Il leur montra le train bien qu’abîmé était encore debout et sur les rails.

-Si on utilise la batterie du véhicule, on pourra rentrer, je vous redonne à tous votre liberté, si nous survivons vous pourrez en profiter.

Leur dit le contremaître, alors que l'autre gars restait silencieux et que les enfants tremblaient de peur.
Une ziggourat était en lévitation au-dessus du sol et semblait attendre, c'était une sorte de pyramide dont le sommet semblait produire une forte lueur. Non loin, il y avait un autel plein de sang séché avec quelques mouches volantes pour aspirer un peu de sang.
L'un des monstres Veau vint vers eux.

-Vous êtes sur le domaine du grand Baal le multiple. Les enfants seront sacrifiés, vous les adultes devrez aussi vous battre à mort afin de savoir qui aura le grand honneur d'accueillir dans son corps une portion de Baal.

Il tira le premier enfant sous sa main et l'amena sur l'autel, l'enfant pleurait mais n'avait pas la force pour l'empêcher de faire ce qui suivit assez vite. Il le décapita aussi sec, la tête tombée au sol émit quelques derniers cris et pleurs avec une face figée dans la peur. Son corps semblait muter, pour devenir... Une des créatures une tête de veau dorée lui poussant à la place de la tête. Ils saisirent cette fois-ci deux enfants, qui furent sacrifiés aussi vite que le premier. Le sang semblait former un portail, sans doute pour laisser passer la fraction du dieu et créer un avatar.

Il avait entendu ça une fois, certains dieux, trop faibles ou vieux pour se maintenir sans croyants, comataient dans le néant primordial, et il faut dire que ses méthodes étaient radicales, les enfants sacrifié devenaient ses croyants et l'un d'eux trois, deviendrait un de ses réceptacles.

A moins que... Le sans-nom saisit une des créatures à tête de veau, lui brisant la nuque, puis attrapa les clés pour ouvrir la cage et sa lame pour se défendre une fois dehors. Le gars silencieux, se leva dégageant une aura bestiale qui aurait pû l'effrayer en d'autres circonstance, le contremaître en fit de même, alors que le massacre d'enfants continuait de façon très sanglante, ouvrant de plus en plus le portail. Le contremaître, bien que musclé était un vieil homme et sans doute que c'est cela qui lui fit prendre par un bras le dernier enfant encore en vie pour le sauver, alors que leurs ennemis semblaient souffler le sang par leur narines de veaux et qu'un nuage de mouches semblait se lever.
Les tatouages du vieux contremaître bougèrent, en particulier ceux ressemblant à des courants d'air et mit ses bras devant lui, projetant une force bien supérieure à ce que son corps pouvait contenir.

-Du sang d’Éole les petits. Allez en avant, courrez vite jusqu'à la locomotive.

-T'es un scribe sanguinaire le vieux ? Jamais j'aurais cru que l'un d’entre vous se terrait ici.

Finit par dire le taiseux qui se fit attendre fonçant vers la locomotive. L'inconnu avait entendu parler des scribes, mais plus comme une légende, ils étaient capable de faire vivre leurs dessins grâce aux sangs de Ganvish ou de Bramshiv, ou de démiurge, cela demandait une grande maîtrise de leur art, d'autant plus quand le dessin était sur leur peau comme ici.

Le taiseux et lui se mirent sur le toit alors que le vieux démarrait la locomotive, un peu plus en hauteur, mais cette dernière semblait être très capricieuse, ils n'échapperont donc pas à un combat finalement. Son compagnon d'arme se jeta sur les premiers adversaires, la nuée de mouches, les mouvements de l'air semblaient siffler, déchirant le ciel, le nuage se dissipa laissant tomber au sol des mouches coupées en plusieurs morceaux. L'inconnu avec son sabre découpa quelques monstres à tête de veau, puis fit signe au taiseux de monter, alors que la locomotive semblait bouger, bien que difficilement au départ. Les créatures semblaient s'éloigner et leur ziggourat aussi, finalement personne ne deviendrait Baal aujourd'hui, mais il était persuadé qu'il retrouverait un jour un de ses avatars arpentant ce désert de sel.
Le contremaître prit la parole.

-Bon les gars, je vous emmène à Salt Town, à partir de là, vous pourrez quitter le train. Mon nom c'est Imago et vous ?

Le garçon survivant dit d'une voix timide.

-Moi c'est Enle. Dit Papy tu me garderas avec toi ?

Le vieux lui caressa la tête comme réponse.

-Moi c'est Enki. Et si un jour t'es dans la merde 'j’oublierais pas qu'aujourd'hui tu nous as sauvé la vie.

Lui dit le taiseux qui vint lui serrer la main.

-Et moi c'est Gilga !

Lui répondit celui qui jusqu'ici avait toujours été le voyageur sans nom, un nom qui lui était venu par hasard sans pouvoir l'expliquer. La locomotive redémarra, l'amenant vers d'autres aventures.

Sans nom

Sans nom

Re: Sans nom