L'ouverture Chapitre 1 l'arrivée

par **Gilgamesh** Jeu 4 Mar - 22:00

Adrien était sur un brise-glace, une proue d'acier au reflet argenté écartant tous dangers du navire, en direction du Pôle Nord. L'Océan était agité et le bateau perçait la glace, depuis plusieurs jours déjà. Quelques uns de ses collègues en étaient même malades enfermés dans leur cabine. Malgré la fonte des pôles et le réchauffement climatique, il subsistait quand même, une calotte en hivers et encore quelques icebergs, à la dérive et un tel bateau n'était pas superflu dans cette immensité, étant donné la récurrence et l'aléatoire des rencontres avec ces géants des mers, souvent mortelles. Une fois que votre navire a sombré emporté par ces vagues de glaces éternelles quasi divines et meurtrières, l'hypothermie, ou la noyade étaient courantes, la mort était en général rapide même si le temps semblait ralentir rendant la douleur aussi insoutenable que se faire transpercer par un millier de poignards.

L’équipage se composait d'une dizaine d'hommes dont quatre scientifiques de renom des quatre coins du monde, il les connaissait tous et avaient déjà discuté avec eux peu avant leur départ. Il y avait Eve Sterlington la paléontologue anglaise, une belle jeune femme de couleur, qui avait vouée sa vie à sa carrière, avec qui il avait eu une relation amoureuse d'une grande intensité. Un vrai désastre pour lui, il avait eu du mal à s'en remettre. Elle l'avait quitté pour sa carrière et sa discipline scientifique, par un froid matin sombre et lugubre comme celui-ci, enfin tout du moins ce qu'elle lui avait dit, lui subodorât un autre homme derrière tout ça. Le linguiste et informaticien du groupe, Thomas Mimirio et le mathématicien Frédéric Merwin un couple homosexuel, cela se voyait pour ainsi dire comme le nez au milieu du visage, il y avait beaucoup de complicité entre les deux amoureux, Tom était un homme rondouillard et débonnaire, cheveux brun et mi long d'origine latino américaine, Frédéric son opposé une grande asperge cheveux blond avec une paire de lunettes, un québecois pure souche. Au fil des discussions du voyage, il comprit qu'ils étaient fraîchement mariés et qu'ils ne pouvaient rêver meilleur voyage de Noce que cette expédition. Et pour finir il y avait lui Adrien typé latin, un aventurier Français et génie reconnu dans de multiples disciplines scientifiques, ainsi qu'une réputation sulfureuse, avec des théories que beaucoup qualifieraient de fumeuses ou ésotériques, voire même franchement complotiste, il était surtout connu pour la correspondance postale avec des inconnus, lui ouvrant la voie dans ses recherches sur une source d'énergie infinie, mais aussi sur des armes soniques et d'eau à haute pression, mais aussi sa localisation de la mythique Atlantide et Mü. Des expéditions qui à l'époque ont fait grands bruits récoltant des dons à travers le monde,mais aussi des accusations d'escroc. Sa présence était une interrogation pour ses camarades de voyage, sans doute que sa réputation sulfureuse soulevait de nombreuses questions quant à ses motivations réelles sur ce bateau.

-Adrien ! Adrien !

Lui lâcha la jeune femme en rejoignant le scientifique sur le pont du bateau. Il se retourna pour la voir glisser et tomber, une plaque de verglas s'était formée sur le pont pendant la nuit, rendant son déplacement plus que périlleux surtout sur le pont d'un navire ballotté par les flots.

-Allons Eve ! Il va falloir être plus sérieuse, ce qui va nous attendre là-bas ne sera pas de tout repos.

Dit-il d'un ton sévère, visiblement agacé de l'avoir dans les pâtes, son cœur triste pleurait encore de leur séparation, même dans cette situation, alors qu'il était la poupe du navire, et qu'il ait choisi en connaissance de cause de venir dans cette expédition et qu'on lui avait donné les noms de l'équipe. Mais c'était plus fort que lui, la revoir lui ouvrait le cœur en deux de la même façon qu'ils s'étaient séparés par leur travail, mais la perspective des découvertes de cette expédition et la validation de quelques unes de ses théories sur les civilisations oubliées.

-En plus pourquoi es tu là à me tourmenter jusque dans mon travail? Je t'ai déjà dit que toi et moi c'était fini cesse de me suivre comme un esprit tourmenteur.

Il se retourna et partit la laissant à terre sans prendre le temps de savoir ce qu'elle lui voulait, il aurait voulu se retourner et l'aider, comme tout bon gentleman de son envergure aurait fait, mais elle qui avait trahit sa confiance le jour où elle a fait son choix, être si dur n'était pas dans sa nature mais elle devait expier pour sa souffrance. Fred qui était dans un coin entrain de vomir ses tripes, laissa un moment son mal de mer et vint l'aider à se relever juste avant de retourner vomir, il n'avait visiblement pas le pied marin. Thomas avait installé des caméras pour des vidéos et les mettre sur les réseaux sociaux à son retour, il était affairé dans leur cabine à faire une vidéo qu'il enverrait à son retour sur la plate-forme de streaming D-Tube, lui même étant un d-tubeur reconnu, les médias utiliseraient sans doute ses images, il en profitait donc pour être précis en commentaires. Malgré le reflux de l'Océan, il pouvait l'entendre parler en passant par la cabine du capitaine.

Adrien se dirigea lui aussi vers le poste du capitaine, un homme d'une cinquantaine d'années, un russe que tout le monde nommait Vladimir, presque aussi joyeux et loquace que le nom de son Brise-glace « Bateau ivre ».
Un amoureux de la poésie et de la langue française.
Pensa Adrien. En se souvenant que l'auteur de ce poème était Rimbaud. Outre le poète de talent, était une figure parmi les aventuriers de son acabit, ainsi que dans l’ésotérisme, on lui donnait quelques pratiques peu recommandables dans ses excursions en Afrique, sous couvert de vente il chassait les démons, mais cela avait raccourcie de beaucoup sa longévité, d'après quelques ouïs dire et théorie des gens qu'il avait côtoyé dans les milieux ésotériques, autant dire une source d'inspirations pour lui.

Y avait-il pensé, même si ce nom était assez étrange pour qui veut prendre la mer. Cependant un nom de circonstance si on voyait le navire dans son ensemble, un gros amas de métal rouillé. Sans doute que ceux qui les avaient mandatés pour cette mission voulaient qu'ils passent inaperçus, ou qu'ils ne reviennent pas et dans ce cas le capitaine serait tel Charon sur un le Styx le passeur des âmes vers l'enfer, son visage anguleux pouvant aisément passer pour le crâne de mort du passeur mythique.
Le capitaine jeta un œil sur son indésirable visiteur, mais il lui parla néanmoins, peu coutumier de voir des gens dans sa cabine, son accent russe à couper le beurre, n'aidait pas vraiment à la compréhension.

-Alors Professeur pas trop chamboulé par la mer? Elle est très agitée comme si les dieux ne voulaient pas de votre expédition.

Il hésita un moment avant de lui reparler, visiblement gêné par le fait qu'Adrien ne lui réponde pas.

-Une fois dans une mer aussi agitée, j'ai cru voir comme une forme sortir des vagues juste avant que je m'évanouisse alors que je sombrais dans l'océan. Le lendemain j'étais sur une plage, le dernier survivant et le navire sur lequel j'étais avait sombré, peut-être que des esprits ou des dieux habitent réellement la nature et que l'un d'eux m'a sauvé.

Le vieux loup de mer pensif attendit un moment regardant droit devant lui l'Océan agité pour ne pas perdre son cap face à l'immensité glacée. Adrien ne répondit pas, ses paroles ne semblaient pas attendre de réponse
Des dieux ! C'est vraiment une vision lyrique d'un tragique naufrage. Ou alors il délire, ça fait bien 10 jours qu'ils manœuvre sans dormir pour nous amener à destination.
Vladimir continua comme si de rien n'était.

-Vous savez chez moi le gouvernement est agité, il se pourrait bien qu'ils envahissent les lieux avant que vous ne puissiez y faire quoique ce soit. Ça pour sûr que c'est vrai ce ne sont pas des marrants nos gouvernants. Mais ne vous inquiétez pas, on vous attend discrètement dans un coin en cas de pépins. Ce vieux rafiot est furtif bien que sa carlingue laisse penser plus à une épave.

Adrien ne répondit pas préférant regarder les creux des vagues de cet Océan parsemé de plaques de glaces, elle semblait l'hypnotiser. Dans cette matinée crépusculaire, cela ressemblait à un mur noir par moment avec quelques reflets blancs et le hurlement du vent, il imaginait cela comme le crie des érinyes les éprouvant avant même leur arrivée, comme s'ils avaient déjà provoqué le pire des crimes avec cette expédition, ou alors était ce le bruit que font les portes mal huilées quand on les ouvre dans les films d'horreurs, cette pensée le fit sourire avant qu'il regagne sa cabine, en sortant il tapota l'épaule du capitaine pour ne pas qu'il se vexe de son silence insistant.

Il se remémora alors qu'il y a quelques semaines de cela une grande découverte avait été faite. Une île ainsi qu'une grande pyramide avait été découverte au point exact du Pôle Nord, jusqu'alors recouvert de glace et de neige.
Une île inconnue avait été libérée des glaces de la banquise, suite à un été particulièrement chaud. Bien que la stupéfaction était de mise, il y a quelques semaines de ça, tout le monde s'était accordé pour la nommer Hyperborée, du nom d'une vieille légende de civilisation perdue au même titre que Mu et l'Atlantide, antérieure à l'histoire connue des hommes. Cette dernière n'était pas très grande par sa superficie, mais attisait déjà toutes les convoitises. Une île faîte de roche noire mais sans vie, hormis quelques mousses qui commençaient à pousser depuis sa découverte, elle ressemblait à ce que certains pourraient nommer un rocher, particulièrement grand et inhospitalier. Beaucoup voyaient cette île comme une opportunité pour récupérer les grandes ressources de cette région, attisant ainsi l’appétit des grandes puissances avoisinantes, seulement stoppées par ce qui restait encore de l'Onu. L'organisme international avait encore quelques prérogatives, mais cela s'amenuisait comme peau de chagrin, surtout après de multiples années de conflits dans le monde fomentés par les grandes puissances et qu'ils n'ont pu contenir ou arrêter.

La découverte de cette dernière fut un bouleversement au moins aussi grand que lors du premier contact avec les aliens de Sirius, car nul ne connaissait de civilisations suffisamment anciennes pour avoir construit une pyramide dans un tel milieux hostile, les questions de sa création et la date de sa création se posaient et faisaient débat dans les milieux scientifiques.
Il observa de loin la falaise de plusieurs mètres de cette île mystérieuse la protégeant des submersions suite au dégel des banquises et à la montée des eaux. La fonte de la banquise entourait l'île d'un brouillard très froid et très épais, lui donnant son petit côté mystérieux. Une fois arrivés une chaloupe les amena jusqu'à une sorte d'ascenseur, qui les amena du bateau en bas de la falaise vers le haut de cette falaise, de fortes bourrasques l'agitant dans tous les sens et faisant craindre le pire à Eve toujours très à fleur de pot. La première équipe qui l'avait précédée avait bien bossé car installer cet ascenseur n'avait pas dû être une mince à faire sachant que les vols étaient quasi impossible, la proximité du pôle affolant les boussoles et le brouillard rendant l'atterrissage périlleux sur son sol si accidentée. En arrivant ils virent que l'île semblait s'effondrer bien en dessous du niveau de l'Océan à l'intérieur. Malgré ses gigantesques falaises, le sol descendait et il y avait des sortes de crocs rocheux de cette couleur noire un peu partout. avec un relief « montagneux », de la même couleur, leur coupant la vue pour voir le centre de l'île et cette fameuse pyramide, bien que cela soit peu ordinaire d'appeler ces formations rocheuses ainsi alors qu'ils étaient en dessous du niveau de l'Océan Celle-ci faisait bien 2000 mètres de haut formant une sorte d'anneau, et juste derrière au centre de l'île devait se trouver la pyramide au point exact du pôle Nord.

Avec les roches noires en forme de crocs qui dépassaient du sol et formant ce relief accidenté de l'île, il se mit à penser à une bouche d'un quelconque monstre géant, une sorte de Jormungand ou un Kraken, ou la gueule des verts géants sorti d'une œuvre de science fiction. Cette pensée le fit légèrement sourire, car certains étaient parmi ses livres préférés. L'excitation était bel et bien là et il la partageait avec ses camarades scientifiques, ils allaient découvrir une nouvelle terre, chose qui n'était pas arrivée depuis 1492. Ils étaient là immobiles humant l'air marin et silencieux face à ce spectacle, qui donnait une impression mystique à l'expérience.

-Quelle ambiance surréaliste !

Lâcha Frédéric comme subjugué par l'île.
Le premier pied à terre en haut de la falaise, fut néanmoins éprouvant, malgré le réchauffement climatique terrestre, la température était négative rendant toutes sorties et manœuvres périlleuses, d'autant plus qu'une tempête semblait se préparer et qu'il en avait eu l'avant goût sur le bateau. Ils étaient donc couvert de grosses vestes et d'autres habits hyperthermiques afin de ne pas mourir de froid, avec une telle température on pouvait sûrement geler sur place à rester trop longtemps sans être bien couvert, même si le spectacle était merveilleux pour quiconque le voyait.

Ils trouvèrent la base juste à côté du sommet de la falaise, des hommes étaient déjà là et semblaient les attendre. Cette base était composée au total de 5 véhicules assez grands pour servir de baraquements sur le campement improvisé le sol y avait été quelque peu raboté pour éviter qu'il y ait trop de ces crocs rocheux.
Sur la base, il remarqua 10 soldats des nations unis, dont 2 en armures mobiles, leurs noms et leurs grades étaient marqués en gros dessus, le Caporal Amil Webster un ancien marin américain cheveux coupés ras et mâchoire carrée et une forte musculature très impressionnante, avec lui le général Yukito Yoshinori, un japonais avec une fine moustache et une chevelure typique samouraï avec un chignon, le visage angulaire, les deux semblaient discuter , le général les invita à venir vers eux en les voyant. Les autres étaient occupés à d'autres tâches et semblaient venir d'horizons différents, là était la force de l'ONU. Mendosa un hispanique était entrain de jouer au Janken avec Pitkowsky , qui semblait être le plus jeune de l'équipe et Palmer un gars à l'air plutôt intello avec ses lunettes rondes il avait un fusil à lunettes dans le dos sans doute un sniper pensa Adrien. Palmer avait gagné. Mc Coy, son visage couvert de cicatrices et grimaçant semblait signifiait qu'il était un dur à cuire de la même trempe que Webster, néanmoins il lui sembla voir une lueur dans ses yeux, il devait en avoir vu des horreurs pour avoir un tel regard, vide et sans émotions, il était entrain de tailler un bout de bois avec un couteau de survie en les regardant arriver, il avait les traits tirés et les yeux exorbités, cheveux en décoiffé mais conforme au style militaire, sans doute ressemblait-il à un démon sur un champs de bataille, Erikson un type à l'aspect nordique un vrai géant blond, était entrain de monter la garde, et Dembele, un homme de couleur à la mine patibulaire et le crâne chauve et aussi brillant que la lune, servant de maréchal des logis, il indiqua aux nouveaux arrivants leur logement.

Ils croisèrent alors les deux derniers soldats entrain de s’entraîner au combat ils semblaient très aguerris, Lee adepte du Kung-fu vu ses mouvements, enseignait à Darpan un hindou, c'était de bons pratiquants du souffle, du peu qu'il en vit. Le souffle était une énergie vitale circulant dans le corps permettant de dépasser les limites et les possibilités du corps. Il restait aussi un autre invité à cette petite troupe on avait fait venir un maître chien sirusien, dont il ne put voir le nom, un gars avec une gueule de loup, un long museau effilé avec une fourrure mâtiné de blanc et de noir, qui semblait l'isoler du froid mordant et une simple armure de cuir et une sorte de bâton ou d'arme dans son dos . Cette allure lui donnant une tête par moment sauvage et parfois sympathique. Il avait avec lui 5 cyber chiens alloués par les sirusiens, avides d'avoir le fin mot de cette histoire. Leur civilisation seule connue « officiellement » pour avoir pris contact avec des humains, qui pour certains auraient même eu lieux par le passé (leurs pouvoirs psy passent pour avoir facilités la construction des pyramides Égyptiennes et du sphinx, même s'ils ne l'ont jamais reconnu officiellement, la figure des dieux de l’Égypte antique leur ressemblant grandement cela ne fit qu'agrandir la rumeur).

Ce déploiement de force pour une simple expédition n'était pas chose courante alimentant de nombreuses théories. Beaucoup d'humains croyaient à des visites d'autres races Extra terrestre par le passé et beaucoup d'émissions de télévision relayaient cette information bien aidé par le net, mais celles-ci étaient rangées au rang des fantasmes et des croyances. Néanmoins ces colporteurs de nouvelles et de légendes, étaient très écoutés, surtout depuis l'apparition des sirusiens et cette l'île ne fit qu'accentuer cette influence et l'éclosion de nombreuses théories.

Objet de tous les fantasmes, l’émergence de cette île, avait poussé sur le devant de la scène de multiples sectes et groupes d'intérêts, s'appuyant sur les quelques rares photos qui avaient fuités de cette découverte. La plus célèbre, celle du Lotus Blanc, dit que nous pouvons tous devenir des dieux et que cette pyramide est un message des dieux aux simples humains que nous sommes, leur gourou Black Shadow officiait sur le net et sous anonymat, ce filmant avec un masque de carnaval. Visiblement, il était très doué en informatique, car à ce jour personne n'a jamais su qui il était, ou peut-être que personne ne l'avait vraiment cherché et ce malgré de terribles soupçons qui pèsent sur le Lotus, rien n'avait jamais été prouvé, des massacres lors de réunions religieuses.

Adrien observa que la préparation du voyage vers la pyramide était laborieuse, le froid régnant, il était dur de traîner trop longtemps dehors, même pour des militaires surentraînés, ils n'avaient pris que le strict nécessaire et étaient sortis que lorsqu'ils avaient vu leur navire au loin. Sans oublier qu'une tempête semblait pointer le bout de son nez. Le matériel scientifique fut mis sur les véhicules qui étaient tout terrains et motorisés avec des chenilles, une forme rectangulaire en métal, assez simple avec des feux assez forts pour percer le brouillard permanent de cette île, idéal pour le relief accidenté de l'intérieur de l'île.
Ils passeront la première nuit dans la base, ils devaient commencer leur périple demain. Ce soir la tempête allait être très intense dehors et le froid d'autant plus mordant et intense, ils ne pourraient pas sortir. Une dizaine de scientifiques les attendaient normalement sur place, proche de la pyramide, l'équipe du professeur Rasmusen, un archéologue norvégien de renom, Eve l'avait prévenue de leur arrivée, elle le connaissait bien.

Sans doute un de ses amants.
Pensa Adrien. Cependant d'après elle, il n'y avait plus de nouvelles depuis quelques jours.
Cet événement devait, sans doute aussi, motiver cette expédition.
Continua t-il au tréfonds de lui-même.
Les 4 scientifiques furent assignés au baraquement dans le véhicule B de la base, alors que les soldats toujours dehors, s'activaient pour finir les préparatifs du voyage avant la tempête de neige. Les dortoirs dans les véhicules étaient chauffés avec des douches et des WC dans chacune des chambres, chaque véhicule étant accroché aux autres par un dernier véhicule formant le noyau central qui était le réfectoire. La base formait une étoile, mais en la divisant on retrouvait les 5 véhicules tout terrain, qui serviront à les mener à la pyramide eux et les préparatifs qu'ils entassaient dessus. L'intérieur avait une prédominance métallique dans ses structures, peu confortable mais tout à fait fonctionnel bien qu'étant en longueur, le véhicule et noyau central donnait une plus grande aisance.
Yukito les avait réuni dans le réfectoire afin de les briefer. Un homme distingué sans son armure, pensa Adrien, sans doute quelques ancêtres devaient être de grands guerriers dans sa famille. Tout le monde avait pris place autour de la table s'asseyant sur une chaise.

- Bien ! Vous êtes enfin tous là ! Je suis le général Yoshinori.

Je pense que vous savez plus ou moins pourquoi vous êtes là.
Après quelques secondes, il reprit son exposé.

-Il y a de cela quelques semaines une image satellite a révélé la présence de cette île et dessus une pyramide sur le point exact du pôle nord qui fut durant des millénaires recouvert de glaces.

Nous avons été affectés à l'étude de ce monument et à sa préservation face à d'éventuels dangers.
Chacun a une mission particulière ici qu'il devra accomplir afin de tirer le maximum de renseignements de cette... Hum anomalie, enfin.... Par rapport à ce que nous pensions savoir de notre passé.
Il dirigea son regard vers Eve.

-Miss Sterlington pour dater et comprendre à quelle culture nous avons à faire, le professeur Rasmusen devrait avoir bien avancé mais vous ne serez pas de trop.

Il se retourna vers le couple.

-Monsieur Merwin pour les calculs de ce monument, cela nous donnera le degré d'avancement de ceux qui l'ont construit. Inutile de vous dire qu'un tel monument réclame des connaissances mathématiques que beaucoup semblent impensables surtout que cet endroit n'a pas été sans glaces depuis des millions d'années.

Frédéric lui posa une question d'un air moqueur et sarcastique.

-Vous ne pensez pas que ça soit un canular ? J'ai cru comprendre que personne à par Rasmusen n'y est allé, et les images sont bien trop floues pour qu'on pense à quelque chose de sérieux, sans doute une formation montagneuse ou une colline, cet endroit ne semble pas manquer de ces formations rocheuses étranges.

Le général répondit avec ce même air sérieux qu'il portait depuis leur arrivée.

-Nous avons des images satellites bien plus précises. Mais soyez patient je vous les montrerais en temps voulu. Notre mission n'est pas que scientifique, nous devons aussi rétablir le contact avec Rasmusen, je ne vous cache pas que notre présence n'est pas que cosmétique car nous devrons aussi tirer au clair cette histoire.

*L'info avait été lâché, cette expédition comportera donc quelques dangers*

Pensa t-il.
Yoshinori poursuivit les tâches de chacun.

-Monsieur Mimirio pour la logistique, le rétablissement des communications et y envoyer des robots afin de cartographier l'intérieur du monument, nous avons déjà des Architectes sur place pour les mesures mais votre apport allié aux calculs de Monsieur Merwin seront déterminant pour comprendre sa structure... Par contre je vous serais gré d'éviter communiquer avec l'extérieur avec vos vidéos, tout doit être tenu par le sceaux du secret. De toute façon vous remarquerez que les liaisons avec l'extérieur sont très dures, voire impossibles.

Dit-il suspicieux en regardant le jeune homme qui fit semblant de ne pas comprendre.

-Enfin monsieur Adrien Furicel pour observer les inscriptions et leurs liens avec certains anciens événements connus de notre histoire. Vos connaissances sur les divers lieux que vous avez visités dans votre longue expérience d'aventurier , ainsi qu'en astrophysique seront sans nul doute très utiles.

On lui avait assigné une mission spéciale en lien avec ses capacités élargies, sur le bateau certains marins avaient pariés un beau pactole sur une mission comme trouver des supposés liens avec d'antiques extra-terrestres, mais ce genre de suppositions ne pouvaient être sérieuse surtout pour son statut de scientifique de génie, lui plus simplement allait chercher quelques indices ou des inscriptions afin de déterminer en quelle période avait été construite cette pyramide en soutien d'Eve, mais surtout pour faire taire les rumeurs dans les milieux sulfureux dans lesquels il traînait.

Il soutenait que ses découvertes pourraient bouleverser pas mal de choses et de certitudes, notamment dans le domaine de la science et de l'histoire humaine connu et c'est ce qui lui avait permis d'avoir sa place ici, ainsi que quelques connaissances haut placées. Mais sa désignation d'aventurier ne lui valait pas que des amis.... Et lui leur rendait bien par tout son mépris car grâce à ses connaissances, il avait des ouvertures dans bien des endroits interdits de par le monde.

-Avalon met les images du monument sur l’écran de projection.

Yukito afficha les images par rétroprojecteur, la base était munie d'ordinateurs derniers cris.
Chacun poussa un cri d'étonnement à la vue que ces clichés soigneusement gardés même si certains avaient fuité dans la presse, n'avaient pas la même netteté et précision.

-Incroyable !

Lâcha Adrien éberlué par ce qui lui parut comme une révélation.

-Une IA !

Lâcha Thomas, un peu déconnecté mais tout aussi étonné mais plus par la technologie qui affichait les images. Les IA était un des nombreux bénéfices de la technologie sirusienne que les humain avait pu assimiler avec leur robotique et cybernétique, l'échange culturel fut plus bénéfique, même si beaucoup craignaient le pire. Le principe était simple, il suffisait de synthétiser le fonctionnement d'un cerveau dans une machine, souvent à partir d'un cerveau, ou plusieurs existant, mais certains racontent que quelques savants fous pouvaient en créer une à partir de rien. Avalon semblait être une IA chargée de la topographie, mais venant de l'armée des Nations Unis, elle devait sans doute cacher d'autres mystères.

-Et a t-on une idée de ce qu'il s'est passé lors de la première expédition ?

-Bonne question Miss Sterlington ! Les photos ont été prises avant la perte de contact, depuis, une singularité magnétique nous empêche de voir et entendre. Cette rupture de communications est une des raisons de notre présence en nombre, vu les tensions internationales actuelles mieux vaut être prudent, beaucoup de monde lorgne par ici. Sur ce et si vous n'avez pas d'autres questions je dois m'absenter afin de finir de préparer l'expédition qui démarrera demain en espérant que la tempête de neige ait cessé.

Tom demanda avant qu'il ne s’éclipse.

-Vous êtes sûr que nous serons en sécurité ?

-Ne vous inquiétez pas cette partie est notre travail. Avec deux armures mobiles et quelques cyber chiens, votre sécurité est assurée, vous n'êtes pas sans savoir qu'une armure mobile vaut bien 100 fantassins, quelque soit le danger, nous le repousserons sans aucun problèmes, notre simple présence assurera votre sécurité, si danger il y a, mais je pense que ça ne sera qu'une mission de routine.

Il était déjà dehors, chacun se rapprochant pour mieux observer les clichés. Adrien partit se laver et se reposer, le voyage l'avait fortement fatigué, alors que Tom semblait vouloir parler à la machine en espérant une réponse, il était comme un gamin avec un nouveau jouet. Il lui parlait un peu comme ces objets à commandes vocales faisant fureur en ce moment, au grand désespoir de Frédéric qui reporta son attention sur les clichés et sur les dimensions du monument, alors qu'Eve en regardait l'architecture pour en déterminer une civilisation, mais cela ne semblait pas coller avec ses connaissances. La soirée avança, chacun étant fatigué par le voyage, se reposa dans sa chambrée.

Cette nuit Adrien fit un rêve étrange qu'il lui sembla vrai. Une sorte de décorporation qui lui faisait voir les terres tourmentées de l'île d'en haut, pour finir par rejoindre une pyramide blanche et brillante comme une étoile au milieu de la brume inhérente de l'île. Il entra dans le monument assez rapidement, bien que la lumière l'éblouissait pour finalement qu'il voit clairement, lorsque ses yeux s'habituèrent. Une voix semblait l’appeler et l'attirer , comme une voix de femme. Il se rapprocha dans les dédales de l'intérieur, s'orientant comme s'il avait toujours vécu ici. Il faisait désormais sombre et finit par voir l'ombre de la voix, devant l'entrée d'une salle portant de multiples écritures et un sceau ressemblant à du grec ancien, il allait voir son visage, quand soudain, il se réveilla en sursaut, comme s'il allait tomber, flanquant un bon coup de pied dans le mur de sa chambre. Il était en sueur, il regarda par la fenêtre, mais il faisait encore nuit, étant donné leur position la nuit et le jour devait durer plusieurs jours cela ne devait pas être évidant de se repérer, il avait entendu de multiples histoires sur les symptômes de dépression que cela pouvait engendrer sur un homme normal.

Yukito savait bien pourquoi on avait mobilisé une telle troupe d'hommes en armes, la présence de ce monument au beau milieu de cette île jusqu'alors inconnue, là où rien ne devrait s'y trouver, avait quelque chose qui pouvait laisser craindre quelques périls. La voracité des puissances alentour n'aidait pas à baisser son degré d'attention sur la sécurité de son convoi, même s'il ne le montrait pas sous son air impassible. D'autant plus que cette seconde expédition, juste après la perte de contact avec la première n'était pas pour le rassurer. Avec cet Adrien qui avait dû user de toutes ses connaissances pour intégrer l'expédition au dernier moment, de manière générale, il trouvait que tous ces scientifiques jouaient avec le feu sur ce monument, qu'ils ne connaissaient pas, peut-être que dans leur morne et suffisance, ils allaient tous les exposer à quelques vieilles maladies qu'ils réveillerait en ouvrant la porte de cette pyramide ou quelques vieilles malédictions, comme celle qui décima l'expédition qui découvrit la momie de Toutankhamon. Il avait dû laisser sa fille de 12 ans au Japon chez ses parents, la coupure avait été dure d'autant plus que sa femme n'était plus de ce monde, cette petite n'avait plus que lui et rien ne paraissait normal ou logique ici, malgré le fait qu'il se répétait que c'est une simple mission de routine.

Il faisait partie de l'ordre secret de la table ronde, un ordre millénaire et inconnu de tous, même si on en entend parler depuis la préhistoire ou dans les légendes celtiques et Arthuriennes. Cela relevait surtout du mythe, mais ses idéaux de société de liberté et d'égalité avaient traversé les âges et ils avaient été de toutes les luttes à travers les siècles. Très peu de personnes y étaient conviées en tant que membres, il fallait avoir fait acte de bravoure et respecter les règles de chevalerie de droiture et de défense de la veuve et de l'orphelin. Avant son départ, lors du briefing de sa loge, dans une obscure catacombe oubliée de Paris, ils avaient été au complet, 12 chevaliers en armure méchas soit l'intégralité du conseil, agissant dans l'ombre le Maître, plus connu sous le pseudonyme du Forgeron, avait présidé à cette réunion importante. Avant de partir, ils avaient fait le point des rumeurs sur cet endroit. Surtout on lui avait montré les hiéroglyphes des clichés, ils semblaient être un avertissement réunissant plusieurs langues anciennes dont certaines inconnues. L'ensemble des traductions ne semblaient pas claires surtout depuis que la liaison avec la première expédition avait été coupée. Déployer deux armures mobiles dernier cri n'était pas non plus chose ordinaire, mais ses relations lui avaient permis d'obtenir cette faveur de sa hiérarchie. Il n'avait néanmoins pas pu empêcher le sirusien et Lee, un chinois sans doute là pour espionner les recherches, il y avait beaucoup d'attentes dans cette seconde expédition, il soupçonnait même le vieux Dimitri d'être un espion à la solde des russes. Même s'il commandait la troupe sous l'égide des nations unis, il y avait trop d'inconnus dans son équation.

Tout le monde, néanmoins, se félicitait que le contact des aliens sirusiens, ait pu faire un bond à la technologie humaine sans cela l'expédition aurait été d'autant plus périlleuse dans ce climat hostile et les voyages spatiaux impossibles. Les bénéfices de la cybernétique s'étaient recentrés sur l'armée, surtout depuis la dernière crise économique et écologique qui provoquaient moultes guerres civiles et troubles à travers le monde. Mais quand tout cela passera, nul doute que ça apportera beaucoup plus aux populations, tout du moins c'était le projet secret de son ordre, quelques exosquelettes ou quelques prothèses cybernétiques, allaient faire leur apparition chez des personnes handicapées.
Le méchas ou plus communément, armure mobile, était par comparaison, comme l'armure du chevalier, auquel on avait allié des processus cybernétiques connectés directement au cerveau de son pilote pour rendre les mouvements plus souples et simples. Des armures mobiles plus simples étaient aussi utilisées pour les entraînements et la manutention, mais les mouvements étaient plus saccadés et robotiques, ceux-ci pouvaient facilement aller jusqu'à 3m. Mais dans les alcôves de la recherche militaire, des bruits faisaient courir l'idée que certains modèles étaient à plus de 10m de hauteur et d'autres avec des structures biologiques et non mécaniques, même si cela était non viable à l'heure actuelle, les éléments biologiques étaient clonés donc avec une espérance de vie limitée. Ceci dit, piloter une telle armure n'était pas donné à tout le monde, et eux faisaient partie de l'élite des pilotes, formés depuis leur plus jeune âge.
La sienne était d'une couleur blanche comme pour se fondre dans un décor neigeux, du nom de snow armor. L'armure était avec des formes assez rectilignes, et s’ouvrant vers l'arrière pour y faire entrer le soldat, le casque était un peu comme un casque de chevalier, mais sans troues le verre des yeux était réputé incassable et capable d'afficher les données d'analyse de l'armure et certains extérieurs récolté par des capteurs et l'air était recyclé automatiquement par l'armure.
Bien que la nuit semblait permanente dans une pénombre perpétuelle, une vague de froid et de noirceur tomba assez vite avec la tempête. Aux prises avec cette tempête, ils finirent par mettre les ressources nécessaires dans les véhicules qui devaient les amener jusqu'au pôle nord, avant que les circuits des armures mobiles ne se grippent à cause du froid de la tempête. Sans compter qu'ils devraient mettre celles-ci sur des remorques spéciales recouvertes de bâches.

-Webster mettez l'eau potable autre part que nous n'ayons pas à la réchauffer pour la dégeler.

-A vos ordres Général!

Plus loin il se retourna, Fenril le bien nommé maître chien sirusien(bien que cela semblait plus à un pseudo qu'un véritable nom) embarquait ses chiens dans un chenil chauffé traîné par un des véhicules, il devait se joindre à eux pour surveiller les lieux, cela devait être le bien de l'humanité toute entière et non le profit de quelques uns, tout du moins c'est ce que les sirusiens disaient, quand ils lui ont imposé Fenril dans l'expédition. Il devait peut-être y avoir quelques intérêts derrière tout ça. C'était un grand sirusien, ressemblant à un canidé des plus robustes. Il paraissait plutôt étrange avec son caractère froid et calme, nordique diraient certains, il préférait la présence de ses chiens plutôt que ceux des humains, il était très indépendant d'eux, comme pour se prémunir de leur folie ou de leur bassesse face à leur grande supériorité technologique. Les cyber chiens et les drones étaient devenues une arme dans les guerres modernes pour éradiquer une menace sans prendre trop de risques, mais aussi garder une zone en sécurité, il s'agissait de vrais chiens qu'on avait mélangé à la cybernétique et non de chiens robotiques comme beaucoup le pensaient. Ils avaient bien essayé aussi de leur apprendre quelques techniques psychiques, relative à leur 6ème sens, mais seulement 10% des humains étaient réceptifs à ce genre de dons, ils abandonnèrent vite l'idée.
La nuit allait être courte, mais ils avaient tous bien travaillé, déposant un des derniers paquets des préparatifs, il sortit de son armure mobile.
Une bonne chose était faîte.

Se dit-il mentalement. Néanmoins, comme un refrain de chanson, son intuition lui disait que quelque chose n'allait pas dans cette expédition, cette oppression qu'il sentait au niveau des tempes , lui indiquait que bien des dangers étaient encore devant eux et leur expédition, sans qu'il puisse expliquer pourquoi, ni comment, il avait une telle intuition. Sans doute un héritage de son grand-père, un prêtre shinto. Des histoires familiales racontaient qu'il chassait les esprits, mais tout cela lui semblait tellement irrationnel que lui-même ne prêtait foi à ces histoires, préférant la rationalité et son instinct de guerrier.

Une seule fois, il avait suffisamment perdu l'esprit pour qu'il entrevoie ce que l’irrationnel et la peur pouvait engendrer sur un homme, qui se laisse submerger par ses émotions.
Durant la guerre de la mer de Chine, il avait vécu dans une bataille entre la Chine et le Japon sur une île perdue dans la mer du même nom, une amère défaite sous les obus et les tirs, ça avait été une vraie boucherie. Depuis ses mains tremblaient toujours légèrement quand il sentait en danger de mort, un évènement dont il n'arrivait à maîtriser l'issue. Ce traumatisme avait failli le faire réformer de l'armée, sans quelques médicaments qu'ils prenaient régulièrement. Finalement, il revint à des pensées plus simples pour rejoindre son baraquement, reprenant une respiration normale, maintenant il devait se reposer afin de commencer l'expédition en toute sérénité.